Un grand défi à relever

À 17 ans, Ahmed Ennaji a quitté le Maroc pour étudier à Chicoutimi afin de devenir ingénieur comme son père. Photo Gabrielle Boutin

ÉTUDIER À L’INTERNATIONAL

Un grand défi à relever

Un article de Gabrielle Boutin pour L’Oisif

Au Cégep de Chicoutimi, 5% des étudiants proviennent d’autres pays et doivent, en plus de s’adapter au mode de vie collégial, s’accommoder à une nouvelle culture. Cette tâche est un  grand défi pour ces jeunes étudiants internationaux qui arrivent totalement dépaysés dans ce milieu inconnu pour eux qu’est le Québec. Cela a été le cas d’Ahmed Ennaji, étudiant marocain au Cégep de Chicoutimi depuis l’automne dernier. Il souhaite continuer son cheminement scolaire en génie in formatique à l’Université du Québec à Chicoutimi, comme son père et son oncle l’ont fait avant lui.

Ahmed a débuté son parcours comme étudiant en Sciences de la nature, avant de poursuivre en plin-DEC avec quelques cours de génie industriel. En arrivant au Saguenay pour la première fois de sa vie, il n’est pas peu dire qu’Ahmed a rencontré quelques difficultés! Son premier grand obstacle : comprendre le jargon québécois.  « Je savais même pas ce qu’était un sacre! Déjà avec l’accent c’était mais là, je comprenais rien du tout! Moi, je ne faisais que regarder les gens et sourire »s, a-t-il partagé, en entrevue avec L’Oisif, au Cégep de Chicoutimi. La langue maternelle d’Ahmed est l’arable et bien qu’il parlait déjà français, personne n’est jamais réellement prêt à entendre certaines des expressions québécoises saugrenues!

UN ÉCART RELIGIEUX

Au Maroc, le rapport avec la religion n’est pas du tout le même qu’ici et cette dernière est même incluse dans la scolarité. « Bien sûr, j’ai eu une éducation religieuse, mais le fait que mes parents étaient très ouverts d’esprit m’a aidé à ne pas avoir d’im-mense choc culturel en arrivant. » Toutefois, ce qui a surpris Ahmed, qui est musulman, c’était de constater que certains sujets de conversations ou activités, qui sont tabous chez lui, semblent si banals pour ses nouveaux amis québécois. « La culture des bars, sortir boire avec des amis, moi, je n’avais jamais vrai-ment intégré cela, mais je commence à m’y faire. »

PÉDAGOGIE DIFFÉRENTE

Un autre changement qui a stupéfié le jeune Marocain est le système pédagogique québécois. Égaré entre Omnivox (l’application électronique permettant aux étudiants de communiquer avec leurs professeurs et de consulter leurs résultats scolaires) et des frais de scolarité supplémentaires mystères, Ahmed a également été momentanément déstabilisé par la grande amicalité des enseignants. Voir des étudiants plaisanter avec ces derniers était impensable pour lui puisqu’au Maroc, l’autorité des professeurs est beaucoup plus rigoureuse. Toutefois, le jeune homme de 18 ans était bien heureux de cette proximité amicale, car ses enseignants ont pu contribuer à son intégration.

UNE FACILITÉ À S’ADAPTER

Malgré ces quelques différences culturelles, Ahmed, habitant chez son oncle et n’étant pas complète-ment autonome, a pu se libérer d’une immense pression financière et s’intégrer rapidement au milieu. Quels sont les autres éléments qui ont facilité son adaptation? Avoir sa citoyenneté canadienne (Ahmed est né au Maroc, mais son père avait sa nationalité canadienne et lui a trans-mis) et se perdre dans les rues de Chicoutimi !

Eh oui, c’est en se perdant qu’Ahmed a fait son premier contact avec de jeunes Québécois qui sont rapidement passés du statut d’inconnus à celui de bons amis. En effet, selon Ahmed, le meilleur moyen de s’intégrer est de côtoyer le plus souvent des Québécois! « Fais-toi des amis québécois et ne reste pas dans une petite communauté que tu connais déjà : ouvre-toi au monde. » Si on se fie à son expérience, cela a très bien fonctionné!

 

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Bas de vignette: À 17 ans, Ahmed Ennaji a quitté le Maroc pour étudier à Chicoutimi afin de devenir ingénieur comme son père. Photo Gabrielle Boutin

L’Oisif – Édition printemps 2019 – Numéro 2

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