L'Oisif Automne 2021
2 éditorial « L’oisiveté est la mère de la philosophie. » – Thomas Hobbes Le terme oisif, dérivé de l’oisiveté, est d’abord associé à la paresse. Pourtant, dans la Grèce antique, l’oisiveté avait une tout autre définition: elle était associée au temps libre du citoyen. Selon Sénèque, l’oisiveté permettait avant tout de se reposer, de méditer et surtout, de s’informer. De toute façon, qu’y a-t-il de mal à faire preuve d’un peu de paresse? Cette sixième édition de L’Oisif est le fruit du travail d’étudiants de différents programmes au Cégep de Chicoutimi. Le journal a été relancé à l’automne 2018. La dernière édition du journal étudiant avait alors été publiée en 2009, sous le nom de La grenouille . Pour nous joindre: journal@cchic.ca N otre vie privée a de- puis longtemps dis- paru. Je trouve cela évident puisqu’on se promène toujours avec sur nous un mi- cro qui nous écoute, une ca- méra qui nous regarde et une puce GPS qui nous localise où que nous soyons : notre précieux téléphone cellulaire. Donc déjà que nous faisons le deuil de notre vie privée dis- parue, nous nous enfermons aussi dans une activité sociale basée sur des informations complètement superficielles et des images couvertes de filtres fantaisistes. Où sont donc les contacts humains? Où sont donc les discussions entre inconnus, ce qui s’ap- pelle la socialisation? Je trouve que de nos jours, nous nous reposons trop sur tout ce qui est online . Les jeunes enfants aujourd’hui ont plus d’amis en ligne que dans la réalité! C’est juste que je trouve ça triste. Je trouve ça triste qu’on ne passe pas une heure dans une journée sans toucher à notre cellulaire. Je trouve ça triste que ça ne soit plus naturel d’initier une conversation avec quelqu’un croisé dans un couloir. Notre environnement entier qui tombe dans le numé- rique, moi ça me fait peur. De devoir me trouver une date à travers des descriptions super- ficielles de personnes qui sont probablement beaucoup plus qu’une simple photo prise au soleil, ça me rend triste aussi. J’aimerais juste qu’on réflé- chisse au fait de faire de la tech- nologie notre monde et qu’on la ramène à son utilité première qui est de nous faciliter cer- taines tâches en tant qu’outil. Je vais au restaurant profiter de mon moment et je vois les gens devant moi prendre chacune de leurs assiettes en photos pour les mettre sur Instagram et recevoir des likes . Je suis en voiture pour me rendre à l’école le 4 octobre 2021 et j’entends à la radio à quel point c’est la panique de ne pouvoir avoir ac- cès à Facebook pour une seule journée. Je vais prendre un verre au bar et je vois une table de quatre personnes qui sont toutes sur leur cellulaire à texter ou je ne sais quoi d’autre. C’est juste que je trouve ça triste. VISION EN CHIFFRES Je vous dévoile maintenant quelques chiffres qui sou- lèvent un constat important. Une estimation récente faite par la Société canadienne de pédiatrie, et qui a été présen- tée dans un éditorial du Devoir en octobre dernier, indique que les adolescents passent en moyenne 7,5 heures devant leurs écrans, école et loisirs ÉDITORIAL ÉMY GAGNON Sciences de la nature Photo Pixabay Peut-on réduire les écrans?
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